Au Burkina Faso, l’activité minière a connu un essor ces deux dernières décennies. Le boom minier a favorisé la naissance de plusieurs entreprises et professions dans l’exploitation des minerais.
Avec notre grand frère Ruben Sakande, nous découvrons cette semaine le métier d’ingénieur en mines, le parcours à suivre pour travailler à ce poste et ses conseils pour mieux s’orienter.
LeGF : Bonjour peux-tu te présenter ?
RS : Bonjour, je me nomme Ruben Sakande, je suis ingénieur minier de formation.
LeGF : Qu’est ce qu’un ingénieur minier ?
RS : Les mines sont des exploitations de gisement qui peuvent être des métaux précieux ou non. Il peut s’agir du fer, de l’or, de l’argent, du zinc, du manganèse, etc.
Dans cet environnement, l’ingénieur minier est celui qui s’occupe des questions et des méthodes utilisées pour prélever ces métaux de façon économique. Son métier est à distinguer du géologue dont le travail est de trouver ce qu’il y a dans le sol.
L’ingénieur minier intervient à toutes les étapes pour l’extraction du minerai. Son intervention peut se faire en étape préalable (analyse, planification des travaux ou opérations). Elle peut se faire ensuite à l’étape d’exploitation où il est chargé de superviser l’extraction. Il peut même intervenir pendant la fermeture et pendant la réhabilitation des sites miniers.
LeGF : Quelle est l’importance du secteur minier ?
RS : L’Afrique regorge d’un sous-sol et d’une grande réserve riche en minerai et en ressources naturelles. Le secteur minier est vraiment un secteur très important pour nous africain. C’est un important levier économique. Lorsqu’on prend l’exemple du Burkina Faso, l’or est le premier produit d’exportation. Si le pays arrivait à en tirer le maximum de profits, il serait à un autre niveau de développement à ce jour. C’est grâce au secteur minier que le Botswana, un pays enclavé comme le nôtre, est aussi développé aujourd’hui. Il y a donc énormément de potentialités dans le secteur minier.
LeGF : A quoi correspond le parcours de formation à suivre pour devenir ingénieur minier ?
RS : Pour devenir ingénieur minier, il faut 5 années de formation en ingénierie. Les 02 premières années correspondent à un tronc commun pendant lequel on apprend énormément le génie civil et le génie géologique. Il faut avoir de bonnes aptitudes en mathématiques, en physique et en chimie. Il y a également des cours de connaissance de la terre qui sont dispensés. Ce n’est qu’en Licence et première année de Master que l’on rentre dans le vif du sujet. L’apprentissage s’articule à partir de ces moments autour des techniques d’exploitation, de l’utilisation de logiciel. En fin de cycle, en 5e année, on aborde les sujets liés à l’éthique, l’environnement et l’économie minérale. Après cela, il y a aussi des possibilités d’orientation vers des maîtrises spécialisées et même le Doctorat.
LeGF : Quels sont les débouchés professionnels après la formation ?
RS : Après une formation en ingénierie minière, les ingénieurs miniers peuvent occuper plusieurs postes sur les sites miniers. Généralement, ce sont les premiers responsables. Ils sont aussi bien dans la direction que dans la supervision des travaux.
Dans les bureaux de consultant ou les cabinets de génie civil, ils peuvent intervenir dans l’étude préliminaire des mines en fournissant les plans d’exploitation.
Tout pays qui a un code minier doit se munir d’ingénieur minier pour l’inspection, la surveillance afin d’être sûr que l’exploitation minière se fasse dans les règles de l’art et dans le respect des réglementations en vigueur.
Il y a aussi le volet environnemental à prendre en compte. À ce niveau, l’ingénieur en mines est celui qui veille à la minimisation des émissions de bruit, des nuisances sonores ainsi que de toutes les perturbations sur le sol.
Sur le plan économique, il peut être responsable des études pour financer l’ouverture d’une mine. Dans le cadre de ce travail, c’est lui qui doit fournir les preuves, les documents qui permettent de financer la mine.
Étant donné qu’il y a plusieurs spécialisations comme le forage, le dynamitage, un ingénieur minier peut aussi offrir ses services à des contractuels ou des sous-traitants pour travailler dans l’exploitation des carrières (briser des agrégats, briser de la roche,etc).
LeGF : Quelle a été ton expérience des études à l’etranger ?
RS : Les études à l’étranger dépendent beaucoup du pays dans lequel tu vas pour étudier. Ayant étudié aux Etats-Unis et au Canada, le vécu n’a pas été le même. L’expérience d’études au Canada a été bien parce que le système éducatif est à l’écoute. Cependant, il y a aussi beaucoup de difficultés. À l’étranger, il faut apprendre à être autonome et il faut travailler deux fois plus. Il faut se mettre au même niveau culturel. Ce qui semble évident au Burkina Faso ne l’est pas dans ton pays d’accueil. Le retour non plus n’est pas si facile parce que l’on peut s’accoutumer à certaines valeurs qu’il y a à l’étranger et que l’on ne retrouve pas forcément au pays. Mais à la fin de ce parcours, on a l’avantage de gagner une certaine ouverture d’esprit au monde. Même si ça n’a pas été facile, j’ai eu une expérience positive des études à l’étranger.
LeGF : Quels sont tes conseils pour le choix d’une formation ?
RS : Pour choisir ta formation, il faut être réaliste. Il faut tenir compte du domaine dans lequel tu t’en sors bien, peser la balance entre les matières où tu t’en sors et celles que tu aimes. Ensuite, il faut faire une étude renversée, c’est-à-dire observer le monde professionnel et trouver le métier ou ce qui peut te permettre de réussir ta vie comme tu l’entends avec ce que tu as comme connaissance.
Il est vrai qu’il faut faire ce que l’on aime, mais il y a une réalité qui est là et très souvent les gens sont désillusionnés quand ils entrent sur le marché de l’emploi.
Le monde de l’emploi est très féroce.
Il faut venir avec des compétences et ce, dans un domaine où on a besoin de toi. De cette façon, tu vas optimiser ton temps et construire ton projet d’orientation scolaire et professionnelle dès le Baccalauréat voire depuis la classe de troisième.
LeGF : Quels sont tes conseils pour le choix d’une école ?
RS : Pour choisir une école, il faut connaître la réputation de l’école, car c’est un des éléments qui peuvent peser en faveur de ton insertion dans le milieu professionnel. La qualité de l’enseignement que tu vas recevoir à travers l’école que tu vas choisir est un point non-négligeable à prendre en compte. Il faut aussi s’assurer que le diplôme qui te sera délivré à la fin de ta formation par l’école soit reconnu par le CAMES. Il faut choisir une école qui t’ouvre les portes vers le monde, car les frontières sont appelées à disparaître. Ton diplôme, s’il est ouvert et reconnu à l’international par exemple, te permettra de travailler partout.
LeGF : Quel est ton mot de fin ?
RS : J’aimerais dire un grand merci à toute l’équipe de la plateforme Le Grand Frère, je me sens honoré. C’est vraiment un plaisir de faire découvrir mon métier, de partager avec vous ma petite expérience et les débouchés de mon domaine. Je vous invite à aller sur le site si vous êtes en quête de votre orientation scolaire pour bénéficier de conseils et vous inspirer de différents parcours pour trouver votre voie.
Je suis étudiant en année de licence en Mine et Carrière.
Je tiens à remercier le grand frère pour tous ses mots.