Chargé du contrôle et de qualité des programmes, Paul Kambou travaille au développement de communautés par le suivi et l’analyse de la mise en œuvre des projets et rapports d’études. Curieux du monde des organisations non-gouvernementales, découvrez un métier que vous pourrez exercer et le parcours à suivre pour le faire.
Le Grand Frère (LeGF) : Bonjour, peux-tu te présenter ?
Paul Kambou (PK) : Bonjour, je suis Paul kambou, je suis chargé de suivi qualité des programmes dans une organisation non gouvernementale (ONG).
LeGF : Qu’est ce qu’un chargé de suivi évaluation des programmes ?
PK : En tant que chargé de suivi qualité des programmes, je reçois et analyse les projets que les ONG partenaires nous proposent : leur rapport d’études et leurs différentes productions dans le cadre des projets. Je suis dans une position intermédiaire parce que la structure à laquelle j’appartiens a son siège en Suède, et une équipe régionale en Afrique de l’Ouest où nous sommes en contact direct avec les ONG locales partenaires.
Nous assurons de façon continue sur le terrain le suivi des projets, le renforcement des capacités des partenaires. L’ONG dans laquelle j’interviens, se positionne comme une interface de contact. Nous ne faisons pas la mise place directe des projets, mais nous travaillons avec les ONG locales qui sont nos partenaires afin que celles-ci mettent en œuvre les projets que nous finançons.
LeGF : Quelle est l’importance des ONG pour la société ?
PK : Au-delà de ce que l’Etat fait, les ONG apportent leur contribution en tant que partie civile. Quelquefois, l’Etat ne peut pas combler tous les gaps dans les différents domaines de développement et domaines humanitaires. Les ONG viennent en appui aux politiques de l’État. Elles sont aussi un observateur qui interpelle l’État sur certaines responsabilités, certains engagements internationaux qu’il a pris et qu’il ne respecte pas comme il se doit. En tant qu’ONG, nous sommes à la fois dans l’interpellation et dans l’action des services publics pour que ce que nous avons ensemble tracé, soit une réalité. De notre position, nous travaillons aussi à ce que les projets qui sont mis en œuvre dans les communautés soient des projets de qualité. La qualité reste les leitmotive et au-delà de ce que l’Etat fait vous allez trouver nos réalisations en termes d’infrastructures, d’accompagnement, de renforcement de capacité des acteurs pour que le bien-être soit assuré pour les enfants en particulier et la communauté en général.
LeGF : Initialement, tu as un profil de communicateur, peux-tu nous en dire plus sur tes études en communication ?
PK : Après le baccalauréat, la communication était la filière que je souhaitais étudier. De plus, c’était vu à l’époque comme des études assez prestigieuses. À l’université, les recrutements des futurs étudiants en communication se faisaient par test d’entrée. C’était sélectif et les effectifs étaient réduits.
Tout au long de la formation, on découvre que la communication a plusieurs facettes et dimensions. Dans la pensée commune, ce que l’on reconnaît le plus dans la communication, c’est le journalisme. Mais il y a aussi la communication d’entreprise. Par ailleurs, il y a une grande partie de la communication qui est la communication pour le développement. Celle-ci permet aux communautés de participer aux processus de développement qui sont engagés. Elle permet la mise en œuvre de plateformes, d’idées de communication, de message afin que les communautés puissent prendre part aux décisions et à la mise en œuvre de ces dernières. S’il y a un pan de la communication auquel je me suis investi, c’est bien sûr celui-là et aujourd’hui encore, il fait partie intégrante de mon travail en tant que chargé de projet.
LeGF : Parle nous des débouchés possibles après des études en communication.
PK : Quand on fait des études en communication, on peut être journaliste, on peut devenir chargé de communication dans une entreprise qu’elle soit commerciale ou qu’elle ait un visage social. On peut travailler dans le domaine du marketing, on peut aussi travailler dans le domaine de la facilitation et du développement communautaire pour passer des messages que l’on dit généralement des messages de sensibilisation afin d’abandonner les mauvaises pratiques, d’adopter de bons comportements et d’avoir un développement participatif avec les communautés. De plus en plus, on retrouve le communicateur dans des secteurs comme la gestion de crise. Parce que vous vous imaginez bien que dans un monde en crise, il y a beaucoup d’aspects qui concernent la communication. Il y a un grand volet qui s’est développé qui s’appelle la communication de crise, qui intéresse de plus en plus les entreprises, les sociétés et même les organisations internationales. Ce sont là, les principaux débouchés que l’on peut avoir en communication.
LeGF : Parle nous des études en gestion de projet
PK : La gestion de projet, c’est la capacité d’écrire des projets cohérents, à les mettre en œuvre, à les rapporter et surtout à suivre les changements qui sont opérés à partir des projets que l’on met en œuvre. C’est un domaine très passionnant et que l’on peut embrasser à partir de n’importe quel profil. La gestion de projets porte sur plusieurs domaines tels que la protection, la nutrition et la sécurité alimentaire, l’éducation, la santé, etc.
C’est toujours important d’avoir un background dans un de ces domaines et de poursuivre ensuite à un niveau supérieur en gestion de projet. Vous pourrez ainsi être un gestionnaire de projet spécialiste dans votre domaine d’étude de base. Je ne conseillerai pas à un nouveau bachelier de se lancer tout de suite après le baccalauréat dans une Licence 1 en gestion de projet parce qu’il sera limité par rapport au contenu et à l’orientation future de ses études et de sa carrière. Commencez par un domaine connexe à la gestion de projet en Licence et plus tard en Master, faites la gestion de projet.
LeGF : Quels sont les débouchés en gestion de projet ?
PK : Quand on étudie la gestion de projet, le premier débouché professionnel c’est être gestionnaire de projet ou chargé de programmes. Il faut retenir qu’il y a des projets dans tous les secteurs et à partir du moment où vous définissez des objectifs et vous tracez les sillons pour atteindre ces objectifs, dites vous que vous êtes en train d’élaborer un projet. Comment gérer, comment s’assurer du suivi et de la qualité c’est tout cela le travail du gestionnaire de projet. Vous vous retrouvez donc à gérer des projets qui peuvent être d’ordre commercial, personnel, social ou humanitaire et travailler pour des projets de développement dans des ONG. C’est d’ailleurs ce qui est beaucoup plus fréquent. Après la formation, les associations, les ONG aussi bien locales que internationales, les chancelleries et ambassades sont des structures dans lesquelles vous pourrez évoluer professionnellement.
Il y a énormément de débouchés, mais en fonction de votre profil les opportunités vous seront plus ou moins ouvertes. Si vous avez par exemple un profil de base en santé et qu’une structure recherche un gestionnaire de projet santé, vous serez la personne la plus indiquée par rapport à celle qui a juste étudié la gestion de projet et qui n’a pas de connaissances basiques en santé. Avoir une formation initiale dans un certain domaine auquel vous pourrez associer la gestion de projets comme domaine d’étude connexe sera un atout à faire valoir sur le monde du travail.
LeGF : Comment as tu fait ton choix d’orientation ?
PK : Je rêvais de devenir journaliste. Après donc l’obtention du baccalauréat, je me suis battu pour intégrer le département de communication et journalisme à l’université. Tout au long de la formation, j’ai découvert la communication pour le développement. J’ai développé un fort intérêt pour cette branche de la communication qui me permettait de travailler avec les communautés pour leur développement. J’ai donc opté de continuer dans ce domaine et c’est ce qui m’a permis d’intégrer une ONG locale dans laquelle j’ai travaillé pendant 3 ans en tant que chargé de communication.
Cependant, à un moment, je me suis senti limité dans l’exercice de mes fonctions. J’ai vu que j’avais plus de possibilités en étant directement gestionnaire de projet pour influencer ou déterminer certains choix. J’ai entrepris de me former en optant pour un Master dans ce domaine. Alors que je me formais, il s’est trouvé que notre pays est entré dans une phase de crise qui a fait que les projets humanitaires ont pris beaucoup d’envergure. Je me suis donc retrouvé à faire une spécialité cette fois qui est la gestion de projets humanitaires. Et pour cela, il a fallu que je fasse une formation continue qui m’a permis d’être à jour. Durant mon parcours professionnel, j’ai fait en sorte de m’adapter aux mutations de mon milieu professionnel. Si je m’étais limité à ma maîtrise en communication, j’aurais raté beaucoup d’opportunités.
Il faut être ouvert à toutes les possibilités et s’adapter aux changements que demande le poste que vous occupez.
LeGF : Parle nous du diplôme de maîtrise
PK : La maîtrise est un diplôme de niveau Bac +4. C’est un diplôme qui existait dans le système classique des universités. À notre arrivée à l’université, il fallait aller jusqu’au bout de la formation pour sortir avec la maîtrise en communication. En plus, dans le département de communication, c’était le niveau terminal, il n’y avait pas de diplôme intermédiaire. Ce n’est qu’au sortir des 4 années de formation que vous aviez la possibilité de commencer à travailler.
De nos jours, avec le système LMD (Licence, Master, Doctorat), il est possible aujourd’hui de commencer par la Licence et de poursuivre jusqu’au Master qui équivaut à 5 années d’études après le baccalauréat ou 2 années d’études après la Licence.
Pour ce qui est de la gestion de projet, mon niveau maîtrise m’a permis de m’inscrire en gestion de projet et de faire seulement 2 ans de formation. J’ai donc un Bac +5 en gestion de projets. L’avantage de ce Master, c’est qu’il est compatible avec plusieurs domaines. Vous pouvez donc l’intégrer sans avoir à reprendre la Licence.
LeGF : Partage nous ton expérience des cours en ligne
PK : Pendant 5 ans, j’ai suivi des cours en ligne dans un domaine théologique pour obtenir aussi bien un Bachelor (Licence) qu’un Master dans un domaine que nous appelons mobilisation communautaire et mobilisation d’Eglises. Ces cours étaient à la fois en présentiel et en ligne. Nous avions des sessions pour lesquelles l’enseignant se déplaçait et d’autres sessions qui se faisaient en visioconférence.
L’avantage de suivre des cours en ligne, c’est que c’est moins contraignant. Toutes les vidéos et autres ressources sont disponibles en ligne et vous pouvez y accéder à tout moment. Cependant, la plus grande contrainte était liée aux respects des délais pour rendre les travaux pratiques. Mais l’expérience a été bonne parce que vous avancez à votre propre rythme jusqu’à l’obtention du diplôme souhaité.
LeGF : Quelle a été ton expérience de formation à l’université privée ?
PK : En tenant compte de la nécessité constante de s’adapter à l’environnement professionnel et des différents enjeux, j’ai entrepris de financer par moi-même des études de niveau Master dans une université privée.
Le premier point à souligner, c’est que dans le privé, les études sont relativement chères. Au vu de mon occupation professionnelle en journée, j’ai opté pour les cours du soir. Je travaillais la journée et le soir dès 18 h 30, j’étais en cours.
La plus grande contrainte, c’était le temps qu’il fallait aménager afin de s’assurer d’être en classe chaque jour. Et vu que les étudiants étaient tous des professionnels avec des responsabilités, nous étions beaucoup plus concentrés sur nos objectifs.
L’intégration a été difficile parce que nous n’avons pas vraiment tissé de grands liens. Bien que cette expérience n’ait pas été aussi conviviale que mon expérience de formation à l’université publique, il y avait le respect mutuel entre nous. Je tiens à préciser que ce point n’était pas forcément lié à la nature de l’université, mais plutôt au moment auquel ces études se sont déroulées.
LeGF : Quelle a été ton expérience de formation à l’université publique ?
PK : Il faut noter que l’admission à l’université publique se faisait par orientation. C’était systématique. Dès que vous avez le baccalauréat, vous adressez une demande et vous y êtes orienté. Pour le journalisme en plus, il fallait passer un test d’entrée.
Nous avions suivi rigoureusement notre formation sans interruption et les effectifs étaient réduits. En Licence 1, nous étions 33 étudiants et en année d’option nous n’étions qu’une dizaine. Contrairement à d’autres filières, nous n’étions pas contraints de venir tôt pour trouver de la place dans les amphithéâtres.
Pour un établissement public au niveau supérieur, c’est déjà une particularité qui fait que l’expérience de formation que j’ai vécue est beaucoup différente de la façon dont un autre étudiant l’aurait vécu. L’université publique avait un goût de privé parce que en communication, nous étions quelque part privilégiés par rapport à d’autres filières.
LeGF : Quels sont tes conseils pour le choix d’une formation ?
PK : Si tu viens d’obtenir ton baccalauréat et que tu souhaites choisir les mêmes options que moi (la communication et la gestion de projets), le premier conseil que j’ai à te donner, c’est de savoir ce que tu veux dans la vie.
Si tu sais où tu veux aller, c’est plus facile de trouver le chemin pour y parvenir.
C’est très important de discuter avec ses parents, de discuter avec ses aînés, avec d’autres personnes qui sont déjà dans le milieu professionnel. Tu te rendras compte peut-être dans les discussions que tel métier, c’est ce que tu veux exercer et tu traceras le chemin pour y arriver.
Le second conseil que j’ai à donner, c’est de choisir une filière de formation de base à laquelle tu pourras au fil du temps greffer d’autres filières connexes. Pense à une filière qui t’ouvre sur d’autres possibilités de formation plus tard. Fais le choix de ta formation avec cette perspective et ne te limite pas.
LeGF : Quels sont tes conseils pour le choix d’une école ?
PK : Le choix de l’établissement n’est pas ouvert à l’infini. Il dépend beaucoup de paramètres que le nouveau bachelier doit prendre en compte. Ces paramètres concernent entre autres les ressources financières de ceux qui nous appuient pour les études. Après l’obtention du baccalauréat, on est toujours dépendant des parents, des aînés pour financer les études. En fonction de leurs capacités, il faut choisir l’école en faisant un panier des possibles. Dans ce panier des possibles, il faut faire une analyse en tenant compte des paramètres comme la renommée, la crédibilité de l’établissement. Il faudra tenir compte aussi de l’insertion professionnelle des anciens étudiants de l’institut ou université que l’on souhaite intégrer. Après ton Bac, cherche à connaître l’école au travers des personnes qui sont passées par les mêmes établissements, les mêmes filières. Tu pourras ainsi mieux faire la balance entre les différentes options qui s’offrent à toi.
LeGF : Quel est ton mot de fin ?
PK : Je remercie Le Grand Frère pour la tribune offerte pour partager mon expérience. Je vous invite, surtout les plus jeunes qui ont besoin de conseils sur l’orientation à visiter la plateforme. Vous y trouverez des partages d’expériences, des parcours et leçons de vie qui pourront vous inspirer et vous aider à déterminer votre choix de carrière.
Bonjour Très inspirant, merci pour vos éclaircissements dans le domaine.