Dans cet entretien avec Le Grand Frère (LeGF), Fortunatus Ouedraogo (FO), docteur en pharmacie formé au Senegal et officiant au Burkina Faso, nous partage son expérience de formation et ses conseils de grand frère pour entamer des études en pharmacie.
LeGF : Bonjour, peux tu te présenter ?
FO : Bonjour je suis Fortunatus Ouedraogo, je suis docteur en pharmacie officiant dans la ville de Ouagadougou.
LeGF : Avant tout propos peux tu nous dire ce qu’est un docteur en pharmacie ?
FO : Le docteur en pharmacie est une personne qui a suivi des études pharmaceutiques pendant six ans et qui a soutenu sa thèse d’exercice. Le grade que confère le diplôme d’État de docteur en pharmacie est un préalable pour exercer en tant que pharmacien.
LeGF : Parle-nous de ton métier : qu’est ce qu’un pharmacien ?
FO : Le pharmacien est le spécialiste du médicament. Le pharmacien et celui qui se porte garant du médicament depuis sa conception jusqu’à son utilisation le tout en tenant compte des effets indésirables potentiels qu’il peut avoir sur la santé de la population. Il conçoit, développe, formule des médicaments et prodigue les conseils nécessaires quant à la bonne utilisation de ces derniers. Il fait également la promotion de la santé publique et participe à l’élaboration de politiques dans le domaine pharmaceutique et médical.
LeGF : Quels sont les différents débouchés professionnels après des études en pharmacie ?
FO : Les études en pharmacie nous donnent une variété d’options après l’obtention du diplôme. Il y a l’officine que nous connaissons tous et qui correspond à l’exercice du métier de pharmacien de façon libérale. Il y a l’industrie pharmaceutique où le pharmacien peut intervenir aussi bien dans la formulation que la distribution et la vente de médicament en gros. On retrouve également la pharmacie hospitalière qui est une spécialisation qui demande quatre années d’études en plus du doctorat et qui débouche sur la fonction de pharmacien hospitalier. Et dans ce cadre là, le pharmacien est beaucoup plus dans la recherche clinique, dans la biologie, les analyses médicales.
Le pharmacien peut se retrouver dans plusieurs autres domaines tels que la santé publique et exercer aussi dans la fonction publique. Il y a vraiment beaucoup d’ouvertures et d’orientations possibles après la soutenance à explorer.
LeGF : Qu’est ce que le Doctorat d’État en pharmacie ?
FO : Lorsqu’on parle de Doctorat d’État cela signifie que le diplôme délivré par les universités et les autres établissements d’enseignement supérieur habilités à cet effet est un diplôme au nom de l’État.
LeGF : Comment se déroule la formation ? Pourquoi sort-on avec un Doctorat en pharmacie ?
FO : Les études en pharmacie n’offrent pas de diplôme intermédiaire comme c’est le cas pour plusieurs autres formations. Tout au long de la formation, il y a plusieurs paliers. La première année est un tronc commun avec notamment les étudiants en médecine. En deuxième et troisième année, on se concentre vraiment sur la pharmacie. C’est en quatrième année doctorale qu’advient le choix de la spécialisation. L’étudiant choisit une des spécialités suivantes : l’officine, l’industrie et la biologie. La quatrième et la cinquième année sont des années très pratiques durant lesquelles l’étudiant effectue des stages dans le cadre de l’année hospitalo-universitaire avec des stages en alternance avec les cours. Vient ensuite la sixième et dernière année, à l’issue de laquelle après soutenance de la thèse d’exercice, on sort titulaire d’un diplôme d’État de docteur en pharmacie. Je suis donc sorti directement avec un Doctorat et non pas avec une Licence ou un Master comme c’est le cas pour la plupart des formations.
LeGF : Peux tu nous partager ton expérience de formation dans un établissement privé ?
Pour avoir effectué ma formation dans une université privée, l’avantage pour moi je dirais que c’est surtout la proximité avec les professeurs. Cette proximité m’a permis par exemple d’être en mesure de poser plus de questions, de comprendre mieux certains aspects des cours qui nous étaient délivrés. Cela m’a permis de tisser de très bonnes relations avec les professeurs, d’avoir leur sympathie ce qui est très important dans un domaine tel que la pharmacie.
LeGF : Pourquoi avoir fait le choix du Sénégal pour les études ? Et quel est ton ressenti des études à l’étranger à Dakar notamment ?
FO : Après l’obtention du baccalauréat, j’ai opté de poursuivre mes études au Sénégal et j’ai donc choisi Dakar comme ville d’étude. C’était d’ailleurs mon premier choix.
Concernant mon expérience de formation, Dakar est une ville assez mouvementée où on a un grand brassage culturel. C’est le point de rencontre de plusieurs nationalités, de plusieurs cultures et il faut être assez fort d’esprit pour y vivre et étudier. Il faut savoir adopter un comportement responsable, et favorable à l’atteinte des objectifs qu’on s’est fixés en venant y étudier.
LeGF : Quels conseils donnerais – tu à tes jeunes frères et sœurs qui souhaitent faire des études en pharmacie ?
FO : Avant d’embrasser des études en pharmacie, il vous faut d’abord de la passion et du courage surtout, parce qu’on entend souvent les uns et les autres dire à quel point les études en pharmacie sont difficiles. Il ne faut surtout pas avoir peur. En réalité, il n’y a aucune filière qui soit facile. Il faut cependant de solides bases dans les matières scientifiques. Un baccalauréat scientifique est fortement recommandé avec de solides aptitudes en mathématiques, en sciences de la vie et de la terre et en physique et chimie notamment car vous aurez des modules tels que la pharmacologie qui s’intéresse à la composition chimique des médicaments et à leur classification.
Il faut avoir une idée claire de ce qu’on veut faire, garder en mémoire ce qu’on poursuit comme but et mettre les moyens pour y arriver.
LeGF : Quels seraient tes conseils pour le choix d’une université ?
FO : Pour choisir son université ou tout établissement d’enseignement supérieur, je conseillerais de rechercher des informations sur l’école. En se renseignant autour de soi par exemple pour savoir si on a une connaissance qui a déjà fait des études de pharmacie ou qui connaît quelqu’un qui en a fait. Renseignez vous également sur le déroulé des enseignements. Posez vous également les bonnes questions. Si c’est un établissement privé est-ce que les diplômes délivrés sont reconnus par le CAMES ou est-ce que les procédures de reconnaissance au moins ont été entamées ? Est-ce que les évaluations se font régulièrement avec des contrôles continus ? Toutes ces questions vous permettront de vous assurer de la qualité de l’enseignement, de la fiabilité de l’université et d’assurer l’après diplôme. Un autre aspect non négligeable c’est l’évaluation des moyens financiers dont on dispose pour financer les études. Vient ensuite d’autres points qui peuvent être entre autres la localisation de l’université, la distance avec votre domicile et d’autres petits paramètres qui vous permettront d’évaluer toutes les possibilités et d’orienter votre choix d’école.
LeGF : Quel message souhaites-tu adresser à l’endroit des plus jeunes qui cherchent à s’orienter en pharmacie notamment ?
FO : Le dernier conseil que j’adresse aux plus jeunes que moi et à tous ceux qui comme moi veulent faire des études en pharmacie c’est vraiment d’être sûr de ce que vous voulez faire après la pharmacie et d’être conscient que la pharmacie ne se limite pas à l’officine comme on le voit dans nos pays. Il y a plein d’autres débouchés et on peut très bien s’en sortir en pharmacie. Certes il y a un grand nombre d’officines de pharmacies et ça peut paraître compliqué de s’insérer mais cela ne doit en aucun cas vous limiter. Il y a un éventail de possibilités à explorer, informez-vous du mieux que vous pouvez.
Je termine en remerciant Le Grand Frère pour la tribune qui m’est donné de partager ma petite expérience avec vous. Je vous invite tous à visiter leur différents profils sur les réseaux sociaux ainsi que le site pour trouver des ressources sur comment vous orienter, trouver des formations, des établissements et préparer votre orientation scolaire et professionnelle.
Comment pouvez-vous expliquer un technicien supérieur de la Santé par rapport à un pharmacien ou existe-t-il une conformité en les deux ?