Eldad Kabore : trouver son épanouissement professionnel en se réorientant de la médecine à la gestion des projets

Après avoir passé 4 ans en faculté de Médécine, Eldad Kabore prend conscience que ce n’est peut être pas la voie qui lui est prédestiné. Bien que le changement ait été difficile, il finit par faire accepter son nouveau choix d’orientation. Il se découvre un intérêt pour l’anglais et s’inscrit pour une formation bilingue à Ouagadougou en management et soutient avec brio son double diplôme. Aujourd’hui chargé de projet dans une Organisation Non Gouvernementale (ONG) humanitaire, il revient sur son parcours et partage grâce à son vécu surtout, de précieux conseils pour aider les plus jeunes à faire de meilleurs choix d’orientation.

LeGF : Bonjour peux tu te présenter ?

EK : Bonjour je suis KABORE Wendso Eldad Esaïe, je travaille en tant que chargé de projet d’éducation dans une ONG humanitaire de la place.

 LeGF : Qu’est ce qu’un chargé projet, en quoi consiste son métier ?

EK : Le chargé de projet est un gestionnaire de projet. Professionnellement, il s’agit d’administrer ou de gérer plusieurs actions, des actions au bénéfice d’une communauté. Par la suite, il est question de mesurer l’impact du projet par les résultats obtenus.

LeGF : Quelle est l’importance de ton métier ?

EK : L’importance de ce métier réside dans l’impact que le projet a sur les communautés bénéficiaires. Le chargé de projet accompagne les bénéficiaires à opérer un changement positif dans leur vie, à s’auto prendre en charge. L’objectif étant de permettre par les actions conduites et activités menées le développement communautaire des populations cibles grâce notamment à l’acquisition de savoir, de compétences.

LeGF : Parle nous de ta formation en administration des affaires

EK : De formation je suis administrateur des affaires. Je viens d’un cursus bilingue dans lequel j’ai obtenu un Graduate Diploma qui correspond au Master dans le système francophone. Ce diplôme permet d’assurer la gestion des entreprises et la gestion des projets. Une chose importante à signifier c’est que c’est un diplôme pour lequel le cursus à suivre est bilingue. Durant la formation, l’anglais a été la principale langue à l’écrit comme à l’orale que j’ai dû utiliser pour pouvoir faire ces études de management. Il m’a d’abord fallu 06 mois pour apprendre l’anglais, ensuite l’anglais. Je l’ai utilisé comme langue courante pour recevoir les cours, effectuer les recherches en français, les traduire en anglais et ensuite préparer mon document de mémoire pour pouvoir soutenir.

LeGF : Parle nous de ton choix de formation : pourquoi avoir quitté la médecine pour la gestion ?

EK : Après mon Baccalauréat série D, j’ai opté pour des études de médecine. A l’entame des études, il faut dire qu’avec le chevauchement des années, cela m’a pris un certain nombre d’années (07 ans) pour arriver en 4e année de médecine. Les études de médecine sont longues et endurantes et à un moment donné j’ai sentie que je n’avançais plus. J’ai donc pris la décision de changer de filière. Cela n’a pas été simple au début pour mon entourage, les parents surtout, mais je suis arrivé pas sans difficultés à convaincre mes parents d’accepter ce changement.

Dans pareille situation, il faut vite réfléchir au plan B mais surtout bien mûrir et préparer ce projet de réorientation . Me concernant, la décision était toute faite au regard de mon amour pour l’anglais. J’ai saisi donc une opportunité qui s’est présentée à moi d’apprendre cette langue. En 06 mois déjà je pouvais m’exprimer correctement en anglais. Dans la même foulée, j’ai trouvé une formation bilingue à Ouagadougou et c’est ainsi que j’ai abordé des études de management. Au début c’était intense car il fallait travailler sur des documents de 500 à 1 000 pages en deux semaines en anglais alors qu’on est francophone. Cela n’a pas du tout été facile mais avec la détermination, la persévérance et le courage, j’y suis parvenu et j’ai pu obtenir mon Graduate Diploma in Business Administration.

 

 

LeGF : Parle nous de ton expérience de formation à l’université publique et à l’université privé

EK : Les études de médecine je les ai faites dans une université publique ici à Ouagadougou. Pendant tout ce temps, tout se passait bien. Dans des études pareilles de médecine, il faut juste travailler. Il se trouve juste comme expliqué plus haut que ces études ne me correspondaient plus. Il fallait que je me résolve à accepter que ce n’était pas ma vocation. Et quand c’est le cas, il faut le reconnaître et travailler à avancer.

LeGF : Comment a été ta seconde expérience de formation cette fois à l’université privée ?

EK : Les études de management je l’ai fait en effet dans une université privée bilingue. La première difficulté était le fait que j’abordais des études en anglais. Ce n’était pas vraiment évident. Il fallait beaucoup de motivation pour pouvoir réussir un tel challenge car étant dans un environnement francophone et “mooréphone”. Il fallait trouver des moyens pour pouvoir maintenir mon niveau d’anglais et pouvoir comprendre la langue. Cela passait entre autres par l’écoute des chansons, des discours et des radios en anglais. A la télé aussi je suivais beaucoup les programmes qui passaient en anglais. Tout ce qui était en anglais m’intéressait au point où je suis arrivé à un certain moment à raisonner plus facilement en anglais qu’en français. Je retrouvais plus facilement les mots en anglais et j’arrivais à les combiner aisément pour m’exprimer. Mes études dans ce cadre de formation bilingue ont été en somme une très belle expérience pour moi.

LeGF : Quels sont tes conseils aux plus jeunes pour bien choisir sa formation ?

EK : Ce que j’ai comme conseils à donner aux plus jeunes qui veulent s’orienter pour une formation c’est de regarder en eux-mêmes, de connaître quelles sont leurs capacités, qu’est ce qu’ils peuvent faire facilement. Et il y a une question à laquelle il faut répondre :

Qu’est ce que je veux devenir plus tard dans la vie, à quoi est-ce que j’aspire ?

Après avoir répondu à cela, essayez de trouver la formation qui sera en adéquation avec vos aspirations. En déterminant cela par contre, il faut être objectif, il faut réfléchir aux différents moyens qui accompagneront la concrétisation de votre projet d’étude.

Le projet d’orientation inclut aussi la famille, les parents. Leur accompagnement est un grand support pour les enfants et leurs études. Aux parents donc, si j’ai une doléance à faire c’est leur demander de ne pas imposer leurs propres choix aux enfants, mais de les accompagner dans leurs choix. C’est un aspect très important car lorsque les parents imposent la formation aux enfants, à un certain moment l’enfant qui ne s’épanouit pas dans cette formation peut la rater. Pour moi, le choix d’orientation est une question d’épanouissement. Est-ce que je m’épanouirais dans ce que je vais faire ? Si toutefois c’est le cas, il n’y a pas de doute quant à la réussite dans la formation dans laquelle on s’est engagé.

LeGF : Quels sont tes conseils pour le choix d’une école ?

EK : Pour le choix de l’école, de l’université ou de l’institut, je dirais déjà qu’il faut déterminer ce qu’on souhaite faire comme étude et à partir de là voir les options qui se présentent. En fonction de ces options, il faut aussi regarder les moyens qui sont disponibles pour financer cette formation. Et même si les moyens ne sont pas disponibles, il y a des universités publiques dans lesquelles la formation est très bien dispensée. Vous pouvez donc commencer dans ces universités et plus tard procéder à des formations spécifiques afin d’exercer le métier qui vous intéresse. Cependant, si vous disposez des moyens financiers nécessaires, choisissez l’école que vous souhaitez intégrer et dans laquelle vous êtes sûre de recevoir la formation adéquate. Mais en toute chose, il faut déjà commencer quelque chose pour pouvoir aboutir à un résultat. Faites donc avec ce que vous avez pour le moment.

LeGF : Quel est ton mot de fin ?

EK : J’aurais un autre conseil à l’adresse de mes petits frères et petites soeurs : apprenez à faire quelque chose de vos dix doigts. Il y a en chacun de vous quelque chose qu’il faut découvrir. En dehors des cours que nous avons à l’université, à l’institut,  il faut savoir ce que tu sais faire de tes 10 doigts. Poses toi la question suivante :

Si on m’enlève les études qu’est ce que je deviens ?

C’est très important de le savoir. Moi par exemple, quand j’ai commencé mes études d’anglais, je me suis découvert une passion pour les activités manuelles. Très rapidement, j’ai appris à travailler les perles. J’ai pu fabriquer des pots de fleurs, des colliers, des bracelets que je revendais. L’argent de ces ventes je l’ai utilisé pour acheter des livres qui ont coûté chers sans avoir forcément recours aux parents. Et pour ça je suis très fière, parce que mes dix doigts ont contribué aussi à ma propre éducation. Je vous encourage à en faire de même, à apprendre à faire une activité. Cela ne pourra que vous faire du bien.

Et pour terminer, je voudrais dire merci à cette initiative Le Grand Frère, qui est une initiative qui va beaucoup aider les plus jeunes à avoir des conseils au sujet de l’orientation. N’hésitez pas à aller visiter la plateforme pour découvrir des témoignages et partages d’expériences d’aînés comme le mien qui vous aideront à éviter leurs erreurs et à faire les bons choix pour vous.

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