L’électrotechnique et les énergies renouvelables avec Diallo Fatoumata

Professeure certifiée d’électronique et étudiante en énergies et énergies renouvelables, l’étoile Fatoumata a été la seule personne du corps professoral à accompagner l’Association des Tableaux d’honneurs durant leur programme d’appui aux élèves. Elle est celle-là qui a été là pour guider les encadreurs avec ses idées inspirées de son expérience en tant que professeure certifiée.

A travers cet entretien, elle nous parle de son parcours et de son expérience professionnelle et de ses projets pour le Burkina Faso.

Bonne inspiration !

Association des Tableaux d’Honneur (ATH) : Pouvez-vous vous présenter à nos abonnés et à la population burkinabè ?

Fatoumata DIALLO (FD) : Mon nom est Fatoumata DIALLO. Je suis mariée et mère d’un bébé de 10 mois. Je suis Professeure certifiée d’Électronique affectée au Lycée Professionnel Dr Bruno BUCHWIESER (ex Centre Austro). Et parallèlement, je poursuis mes études en Énergies et Énergies Renouvelables à l’Institut de Génie de l’Environnement et du Développement Durable (IGEDD).

(ATH) : Pouvez-vous nous parler de votre parcours scolaire et universitaire ?

FD : Après le CEP, j’ai été affectée au Groupe scolaire Notre Dame de l’Annonciation de Bobo-Dioulasso où j’ai eu le privilège de participer à l’émission Tableau d’Honneur qui était à sa deuxième édition. Et après avoir réussi au Baccalauréat Série D, j’ai poursuivi mes études à l’Université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso, précisément à l’Institut Universitaire de Technologie dans la filière Génie Electrique option Electronique et Informatique Industrielle. En 2014, j’ai eu ma licence en Electronique et Informatique Industrielle et le BTS d’état en Électronique que j’ai fait en candidate libre. Avec ces diplômes, j’ai voulu chercher du travail. C’est ainsi que j’ai fait le concours direct des professeurs certifiés des lycées et collèges d’enseignements technique et professionnel. Grâce à Dieu, j’ai réussi brillamment. J’ai alors été à l’Ecole Normale Supérieure de Koudougou (ENSK) de l’Université Norbert Zongo pour une formation professionnelle de deux ans. Après la certification, j’ai obtenu le Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement Technique (CAPET). Actuellement, je poursuis mes études académiques en Énergies et Énergies Renouvelables à l’Institut de Génie de l’Environnement et du Développement Durable de l’Université Joseph Ki-Zerbo.

ATH : Parlez-nous de votre expérience Tableau d’honneur (TH) ? Que retenez-vous de cette émission de promotion de l’excellence ?

FD : Vous savez, le jour où M. BOUDANE est venu dans notre établissement et que la Sœur directrice m’a appelée dans son bureau pour me parler de l’émission, je n’étais pas joyeuse au départ car je me disais que pour réussir, il faut être dans « l’ombre », il ne faut pas être connu. Mais quand j’ai participé à l’émission, mon avis a changé, surtout quand j’ai rencontré par la suite les autres TH. J’ai compris que l’émission nous lance un grand défi, celui de persévérer dans la réussite. Et je passe par ce canal pour remercier vraiment M. BOUDANE car grâce à lui, j’ai fait la connaissance d’autres TH avec qui nous sommes actuellement comme les membres d’une même famille.

Fatoumata Diallo, TH 2011

ATH : En tant que professeur d’électronique de votre état, quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez ?

FD : La principale difficulté que je rencontre en tant que professeur, et comme tout enseignant de façon générale, c’est comment gérer chaque élève avec son caractère afin de pouvoir leur dispenser le cours. Le problème de la discipline se pose de plus en plus dans les écoles. Or sans discipline, il est très difficile à l’enseignant de transmettre le savoir et à l’élève de le recevoir.

ATH : Quelle est votre journée type ?

FD : Si nous prenons un jour où je travaille et que j’ai cours en même temps, il faut que d’abord je me lève très tôt pour préparer mon bébé et me préparer avant d’aller au LPBB (le lycée se trouvant à Gounghin et moi habitant à Saaba) dispenser le cours. Après cela, je dois obligatoirement rentrer à la maison pour mon enfant avant de repartir à l’Université pour suivre les cours jusqu’au soir, souvent même jusqu’à 21h. Le soir à la maison, je suis encore partagée entre mes obligations en tant qu’épouse et mère, la préparation des cours des élèves et la révision de mes cours.

ATH : Quelle appréciation ou analyse pouvez-vous faire sur le système d’enseignement technique au Burkina Faso ?

FD : Je reste sur ma faim quant à l’avancée de l’enseignement technique et professionnel dans notre pays ; il ne représente que 4%, c’est vraiment très insuffisant. Le gouvernement burkinabé travaille pour hausser ce taux à 16%. Il faut qu’il y ait au moins un établissement d’enseignement technique ou professionnel dans chaque région. Mais construire seulement ces établissements ne suffit pas, il faut les équiper, surtout les ateliers pour les travaux pratiques. Il faut aussi penser à réviser les programmes et référentiels des filières de l’enseignement technique et professionnel.

ATH : Vous faîtes partie de ces étoiles qui ont accepté de nous accompagner dans le projet de cours de soutien en dépit de vos occupations. Qu’est-ce qui vous a motivée à adhérer à ce projet ?

FD : J’ai accepté de faire partie des encadreurs de ce projet car je suis avant tout enseignante et ma mission est de transmettre le savoir et le savoir-faire aux élèves. Mais malheureusement, je n’ai pas pu encadrer des élèves car apparemment, parmi eux, personne ne faisait l’électronique.

ATH : Vous étiez le seul encadreur des encadreurs depuis le démarrage du projet en leur apportant de temps en temps des idées pour les guider. Quelle appréciation pouvez-vous faire du travail abattu par ces jeunes encadreurs ?

FD : Je dirai que pour un début, ils ont vraiment assuré.

ATH : Comment auriez-vous voulu que les sessions soient organisées afin d’être plus bénéfiques aux élèves ?

FD : Selon moi, comme l’encadrement se fait en ligne et à distance, l’organisation ne peut pas être différente de celle déjà établie car il ne faut pas perdre de vue que chaque encadreur aussi à son emploi du temps.

ATH : Quel est votre meilleur souvenir à l’issue de cette première édition ?

FD : Il y a quelque chose qui m’a vraiment marqué une fois. C’est ce jour où un encadreur a donné des exercices à ses élèves et attendaient leur retour. Mais les élèves en question ne réagissent pas. Il a tellement insisté, essayant de les convaincre par mille et une manières jusqu’à ce qu’un élève réagisse. J’ai tellement apprécié cela car c’est l’une des qualités que l’enseignant doit avoir, la patience.

ATH : Avez-vous des regrets par rapport à tout ce qui a été accompli ou non accompli ?

FD : Bon, le seul regret que j’ai c’est de n’avoir pas eu à donner cours, à côtoyer aussi des élèves.

ATH : Que suggérez-vous pour que l’initiative puisse toucher un nombre important d’élèves au Burkina ?

FD : Pour que l’initiative touche un grand nombre d’élèves au Burkina, il faut commencer à informer tôt le public en utilisant le maximum de canaux de communication. Il faut aussi penser à une possibilité de cours en présentiel car ce n’est pas tous ces élèves qui ont un portable qui peut se connecter à internet.

ATH : Avez-vous un projet en cours pour le BURKINA FASO? Si oui, est-il possible de nous le faire découvrir ?

FD : En fait, ce n’est pas un projet en tant que tel mais une initiative. Pour le moment, nous sommes juste deux personnes à réfléchir là-dessus. Il concerne l’amélioration des conditions de vie de la femme au Burkina Faso. Vous savez, c’est vraiment un challenge pour la femme d’allier vie professionnelle et vie familiale ; d’être à la fois une bonne épouse, une bonne mère tout en ayant un travail. Et pourtant quand elle tombe enceinte, elle n’a droit généralement qu’à trois mois de congés de maternité et après cela, elle doit reprendre son service. Elle se retrouve à devoir prendre soin de son bébé qui a à peine trois mois, d’aller au service et de s’occuper aussi de son foyer. Nous nous voulons réfléchir sur comment amener l’Etat burkinabè à prolonger ces congés de maternité à six mois et aussi à construire plus de crèches qui seront à proximité des services et aussi des marchés pour soulager les femmes. Ces crèches devront être à la bourse de tout le monde. Cela aura un impact positif sur la cellule familiale et par conséquent sur la société car qui dit société, dit d’abord famille. Mais pour que cela se réalise, il faut que ce soit le combat de toutes les femmes et aussi des hommes.

ATH : Quel est le secret du succès selon vous ?

Selon moi le succès repose sur le travail acharné, la passion pour ce qu’on fait et la persévérance dans ce qu’on fait. Steeve Jobs l’a si bien résumé en disant : « de manière générale, ceux qui réussissent aiment ce qu’ils font ; ils sont plus persévérants et s’acharnent lorsque les choses se compliquent et ceux qui ne sont pas passionnés vont abandonner » Il faut aussi s’entourer de bonnes personnes, celles qui partagent votre vision et qui vous poussent afin que vous atteignez vos objectifs.

ATH : Qui vous inspire le plus sur cette Terre ?

FD : Ma personnalité modèle c’est Michelle OBAMA. Elle incarne cette femme modèle que j’aspire à devenir. Il y a aussi ma famille, particulièrement mes parents qui m’ont appris que le sens du travail bien fait sans oublier mon mari que j’admire beaucoup et qui me soutient et m’encourage dans tout ce que j’entreprends.

ATH : Quel est votre plus grand rêve actuellement ?

FD : Actuellement, mon plus grand rêve est d’avoir ma thèse dans le domaine des énergies renouvelables et être ainsi reconnue par la communauté scientifique en tant que chercheur. Cela me permettra non seulement d’apporter ma contribution pour la résolution des problèmes énergétiques de notre pays mais aussi transmettre le savoir en tant qu’enseignante à l’Université.

Il y a aussi un rêve qui me tient vraiment à cœur et que j’aimerais qu’il se réalise : c’est que l’éducation pour tous les enfants soit une réalité au Burkina Faso. Je pense particulièrement à ces enfants victimes du terrorisme au Burkina et qui ne peuvent plus aller à l’école. Il faut que chacun de nous contribue d’une manière ou d’une autre afin que ces enfants reprennent le chemin de l’école car ils sont privés d’un de leurs droits fondamentaux.

ATH : Quels conseils avez-vous pour tous ces jeunes brevetés et bacheliers en quête d’orientation actuellement ?

FD : A tous ces nouveaux bacheliers et brevetés, je leur dirai qu’il faut qu’ils commencent à définir leurs objectifs, ce qu’ils souhaitent vraiment faire car si on ne sait pas ce qu’on doit faire, on risque de faire le mauvais choix. C’est vrai qu’il faut demander conseils à ses aînés mais la décision finale doit revenir à chacun. J’ajouterai aussi que la vie n’est pas une course de vitesse mais une course de fond et que l’échec fait partie de la vie. Ce n’est pas un problème d’échouer mais il faut savoir se relever après l’échec.

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