De la médecine à la transformation de déchets organiques en charbon écologique

Après 6 ans d’études en médecine, il décide d’en arrêter là et de se consacrer à son envie d’entreprendre. Découvrez avec Le Grand Frère ( LeGF ) dans cet entretien, le partage d’expérience de Fax Ouedraogo (FO)

LeGF : Parle-nous de ton métier, qu’est ce que Burkina Ecolo Tech ?
FO : Burkina Ecolo Tech est une société de collecte et de transformation des déchets ménagers. Nous collectons les déchets au niveau des ménages, les prairies, les décharges et les broussailles ( les déchets organiques uniquement) que nous transformons dans notre centre de tri. Nous les transformons en combustible, plus précisément en charbon écologique et nous faisons également des bûchettes pour le fumage des aliments. A côté de cela, nous avons un atelier de soudure où nous faisons de la transformation métallique ainsi que la fabrication de produits qui permettent l’utilisation adéquate de nos combustibles notamment des fourneaux, des rôtisseurs, etc.

LeGF : Comment t’es tu formé pour la transformation des déchets et la conception métallique ?
FO : Quand je me lançais dans la transformation des déchets je n’ai pas suivi de formation. C’était de l’auto apprentissage via les vidéos YouTube, certains reportages, certaines techniques dont je me suis approprié. Je me suis lancé donc en cherchant à concevoir et reproduire des prototypes de ce que je voyais sur les vidéos YouTube. Par la suite, quand j’ai voulu mieux affiner l’entreprise sur la conception métallique des équipements pour la transformation des déchets, je suis allé dans un atelier de soudure où j’ai appris comment faire correctement la soudure avant de revenir dans mon atelier. D’ailleurs j’ai été dans cet atelier en tant qu’apprenti pendant six mois. Par la suite aussi j’ai postulé pour des formations en ligne sur l’environnement, l’assainissement, la transformation des déchets et obtenu des certificats en la matière.

LeGF : Pour avoir étudié la médecine pendant six ans, comment la définirais-tu ?
FO : La médecine est une science où on vous apprend à comprendre l’être humain, à comprendre comment l’être humain fonctionne, qu’est-ce qu’il peut avoir comme faille dans son organisme, comment il faut faire pour y remédier. Pour ce faire, il y a plusieurs disciplines qui permettent de comprendre toutes ces formes de dysfonctionnements et d’appliquer les solutions qu’il faille pour permettre au malade de recouvrer sa santé.

LeGF : Quels sont les débouchés en médecine ?
FO : En médecine, il y a plusieurs débouchés. Après huit années d’études, on sort médecin généraliste. Mais vous avez la possibilité d’aller vers d’autres débouchés en optant pour des spécialisations qui durent entre quatre à sept années selon le domaine et après lesquelles vous pouvez devenir cardiologue, pneumologue, neurologue, etc.

LeGF : Parle-nous des débouchés de l’entrepreneuriat
FO : Les différents débouchés au niveau de l’entrepreneuriat c’est en premier lieu l’auto-emploi, lancer son entreprise. Vous pouvez aussi être formateur parce qu’au-delà de ce que je fais avec Burkina Ecolo Tech, il arrive que je soutienne certaines Organisations Non Gouvernementales pour former un groupe de personnes dans un ensemble de métiers sur la soudure et l’écologie.

LeGF : Comment s’est fait ton choix de formation ?
FO : En 2012 après l’obtention du Bac, j’ai voulu faire la médecine. Je me suis donc inscrit à l’université et j’ai obtenu l’orientation. Quand je rentrais en faculté de médecine, c’était tout joyeux, mais ce qu’il faut noter c’est que cette décision était contre la volonté des parents qui auraient voulu que je fasse une école d’ingénieur. Mais je suis arrivé à leur faire comprendre que c’est ce que je souhaitais étudier.

LeGF : Comment l’idée de transformer du papier en charbon écologique t’es venue ?
FO : Quand j’ai entamé mes études à l’université, je faisais aussi de la reprographie à côté des cours question d’être indépendant vis à vis des parents. Etant donné que je passais énormément de temps à photocopier les supports de cours, je devenais une encyclopédie et j’apprenais beaucoup de tous ces documents qui me passaient sous les yeux. J’arrivais à allier à la fois les études et cette activité sans contrainte. Cependant, à un moment donné, j’ai remarqué que je perdais une quantité énorme de papiers.

En quatrième année de médecine, je me suis donc posé la question de savoir comment faire pour récupérer ces papiers que l’on perd autant ? Comment arriver à transformer cela ? J’ai commencé à m’y intéresser sérieusement, puis je suis tombé sur la carbonisation et plein d’autres articles sur des moyens de transformation. C’est alors que je me suis plus plongée sur cette quête de réponse. J’ai vu que l’on pouvait faire quelque chose de grand avec et le déclic est parti de là. J’ai commencé à m’éloigner peu à peu de la médecine mais j’ai continué jusqu’en sixième année. Puis, après mûres réflexions, j’ai finalement demandé une suspension pour essayer d’approfondir mes recherches sur la transformation des déchets et me lancer dans l’entrepreneuriat.

 

LeGF : Dans ton parcours as-tu obtenu des diplômes qui attestent de tes compétences et connaissances ?
FO : En ce qui me concerne, vu que les activités que je mène sont alignées sur des questions environnementales, j’ai recherché des formations dans ce sens. C’est ainsi que j’ai préparé et obtenu des certifications : une en Droit et protection de l’environnement et l’autre en Economie de l’environnement.
Il faut noter que le Droit et la protection de l’environnement est une sous discipline du Droit dans laquelle, on vous apprend les différents textes en vigueur sur l’espace CEDEAO, sur l’espace où vous vivez, sur l’environnement et les projets qui portent atteinte à l’environnement. C’est tout un gros module avec possibilité de se spécialiser, de faire une Licence ou un Master en Droit et protection de l’environnement. Il en est de même pour l’Economie de l’environnement qui est également une branche de l’environnement. Et c’est un domaine précis où on vous apprend surtout comment mener des activités qui puissent être rentable dans l’environnement et pour l’environnement.
Pour ce qui est du volet soudure, j’ai également obtenu une attestation de formation pratique dans un atelier reconnu et qui prouve que j’ai les compétences pour la conception et la transformation métallique.

LeGF : Partage nous ton expérience des études en ligne
FO : Suivre des cours en ligne c’est une manière de suivre des cours sans être dans une salle de cours. Il faut dire que je les ai suivi depuis mon bureau ou des espaces calmes. Je prenais connaissance des cours par mail. Ensuite, il est programmé des séries d’explications avec des vidéos explicatives du module. Au cours de ces moments, lorsque les apprenants avaient des questions, ils pouvaient les poser au formateur. Pour les évaluations, un formulaire avec les différentes questions était envoyé. Une fois que ce formulaire était ouvert, il n’était plus possible de revenir en arrière. Il fallait donc poursuivre l’épreuve et continuer d’apporter les réponses.
De mon expérience globale, c’est un mode de cours que je recommande. Surtout si vous exercez déjà une activité professionnelle et souhaitez poursuivre des études ou acquérir des connaissances peu importe le domaine. L’avantage c’est que cela me permettait de travailler en fonction de mon temps tout en gérant mes activités et d’apprendre à mon rythme sans être contraint d’être présent physiquement à une heure précise dans une salle de cours classique.

LeGF : Quels sont les avantages et les inconvénients des études dans un établissement public ?
FO : Les avantages d’étudier dans un établissement public c’est en premier lieu le coût abordable de la scolarité et en second lieu l’accès aux spécialistes notamment en médecine. L’université publique est souvent pointée du doigt à cause du chevauchement des années pour certaines filières. Mais en médecine, particulièrement, ce n’était pas le cas. Il faut dire cependant que les programmes n’étaient pas vraiment respectés pour tous les modules. Et bien sûr un petit retard s’accumulait au cours de la formation. Mais comparaison faite avec les autres établissements de la place, je trouvais que nous avancions plutôt au même rythme au niveau de la formation.

LeGF : Comment ont été tes études à Ouagadougou ?
FO : Etudier à Ouagadougou était beaucoup plus intéressant que d’étudier partout ailleurs. Ayant côtoyé Bobo-Dioulasso, j’ai toujours trouvé que Ouagadougou c’était beaucoup plus stable compte tenu du fait que la famille y était. Ajouté à cela, le cadre à l’université était intéressant, j’étais entouré des personnes avec qui j’ai eu le Bac. C’est un environnement qui me permettait de pouvoir mieux suivre mon parcours et de ne pas trop être dépaysé.

LeGF : Quel serait ton conseil pour le choix d’une formation ?
FO : De nos jours, l’avenir on le décide soi même. Il ne faut pas se laisser influencer par les dires des autres. Pour choisir ta formation, assure toi toujours d’aller là où tu seras bien et là où tu penses que tu pourras donner le meilleur de toi-même. Cela ne sert pas de choisir une filière pour laquelle tu n’es pas sûre de pouvoir te donner à fond.

Toujours suivre la voie sur laquelle vous vous sentirez bien et là où vous pensez que vous pouvez réaliser des choses.

LeGF : Quel est ton conseil pour choisir une école ?
FO : Pour moi, la meilleure école c’est celle où vous êtes sûre qu’il y a les ressources pour mieux vous former. Assurez-vous de trouver également un établissement dans lequel vous êtes sûre d’accéder facilement à vos professeurs et aux spécialistes sur place. Il est important pour votre formation de pouvoir être en contact avec vos enseignants et ce, que ce soit dans une université publique ou dans une université privée ou un institut.

LeGF : Quel est ton mot de fin ?
FO : A notre époque, il n’y avait pas de plateforme de ce genre pour mieux nous informer sur les parcours de nos aînés avant nous même de nous lancer dans les etudes universitaires. Je remercie donc Le Grand Frère pour pour l’initiative et la tribune offerte et je vous recommande de visiter le site afin d’avoir des partages d’expériences et témoignages pour orienter vos choix d’études à l’université.

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  • Très intéressant et motivant. Il faut reconnaître le courage, l’intelligence et le mérite de certains jeunes. Pour ma part, j’aurais aimé qu’il finisse les deux années de médecine parce qu’il avait déjà fait le plus difficile. Mais je présume aussi que cela aurait été contraignant s’il devenait interne.

    • Bonjour Abdelkader SIDIBE,
      Du courage il en faut vraiment pour changer radicalement de voie après autant d’années en médecine. Nous espérons par ces témoignages inspirer plus de jeunes à trouver surtout leur voie pour une meilleure orientation. N’hesitez pas à partager l’article autour de vous.

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